Les sources musicales en Amérique
Les sources musicales en Amérique sont celles apportées par les colonisateurs, des esclaves africains ou celles des autochtones, c'est-à-dire, les amérindiens. Combinées entre elles, elles donneront au XIXe siècle, les premières musiques populaires du XXe siècle.
Musique européenne Canada et Québec Louisiane Amérique du nord Caraïbes et Guyane Mexique et Amérique centrale Brésil Hawaï Musique africaine Musique amérindienne Nord-Amérindiens Méso-Amérindiens Amérindiens des Caraïbes Sud-Amérindiens Références, ressources MUSIQUE EUROPEENNE EN AMERIQUE La musique européenne des débuts du colonialisme correspond aux musiques religieuses (apportées principalement par les Jésuites), les musiques militaires, la musique dite « classique » et les chants folkloriques des pays colonisateurs.
C’est à partir du XVIIe siècle que les danses comme le menuet, la contredanse, le quadrille, les danses celtiques puis la mazurka, la valse et la polka se généralisèrent dans les campagnes.
La Polka, par son rythme syncopé, a été à l’origine des grands courants musicaux du XXe siècle comme le Ragtime nord-américain duquel est né le Jazz ; le Danzón cubain ; la Biguine martiniquaise ; et le Maxixe brésilien duquel est né le Choro. Les raisons pour lesquelles ces genres sont si différents les uns des autres tiennent à l'origine géographique et ethnique des esclaves (africains ou amérindiens).
La recherche d’une identité propre par les compositeurs du Nouveau Monde devait naturellement passer par l’intérêt pour les musiques des différents peuples habitant désormais sur une même terre : peuples de l’Europe mais aussi, Amérindiens et Africains. Le métissage des musiques a ainsi donné, à la musique du continent américain, de multiples facettes aussi différentes les unes que les autres, si riches qu’elles irradient sur d’autres continents.
CANADA et QUEBEC : ce sont principalement les peuples amérindiens qui fournissent l’essentiel des esclaves, les anglais et français préférant réserver les africains pour les plantations des Caraïbes. La musique noire a donc peu d’influence sur la musique canadienne et québécoise avant 1900.
Au XIXe siècle, l’importation des partitions lance les valses, les quadrilles, les galops et les polkas. Au Québec, les chants français médiévaux sont repris par les coureurs de bois.
L'abolition de l'esclavage a lieu en 1833.
LOUISIANE : La musique cadienne, d’origine francophone, est née au Canada et s’est implantée en Louisiane lors du « Grand dérangement » de 1755. Ces cadiens étaient d’origine française et ont fait les frais d’une épuration ethnique organisée par les anglais. Ils arrivent en Louisiane dans un grand dénuement et chantent a cappella dans un premier temps. Ils apportent avec eux, rondes, contredanses, reels, gigues, polkas, mazurkas, cotillons, galops, valse, one-step et two steps. Avec l’apport des populations africaines, cette musique va évoluer vers le Cajun et le Zydeco.
L'abolition de l'esclavage a lieu en 1865.
AMERIQUE DU NORD : A partir du XVIIIe siècle, une véritable économie de la musique se développe. Les premiers compositeurs, à défaut d’avoir reçu un solide enseignement musical, ne manquent pas d’inspiration et posent les fondations d’une école américaine. Cette école est trop influencée par la musique européenne et principalement allemande au goût d’Anton Dvorak (directeur du Conservatoire de New-York, fin XIXe siècle). Il encourage les compositeurs américains à plus s’inspirer des musiques populaires et indigènes.
Ce sont les états du nord qui commencent à abolir l'esclavage. Le Vermont est le premier d'entre eux dès 1777. Néanmoins, l'esclavage ne devient, définivement, anticonstitutionnel qu'en 1865 tandis que le Ku Klux Kan est fondé dès cette annèe-là. En1876, les lois raciales Jim Crow commencent à être promulguées dans l'ensemble des Etats-Unis. Elles ne seront définitivement abolies par le Civil Rights Act qu'en 1964 !
CARAÏBES et GUYANE : c’est à partir du XIXe siècle que la musique des Caraïbes commence à élargir son répertoire au contact des influences européennes : la contredanse est l’ancêtre du quadrille. La musique se créolise avec l'ajout de percussions. Puis, la valse, la polka et la mazurka animent les bals de la bonne société avant de se répandre dans les bals populaires, où européens et esclaves affranchis se côtoient. En Guyane,
la musique est intimement mêlée à celles de la Guadeloupe et de la Martinique. L’apport de la musique européenne est essentiellement français : opéra mais aussi polka, valse, mazurka…
Haïti abolit l'esclavage dès 1793, la Guadeloupe en 1802 et la Guyane en 1803. Cuba, est la dernière île des Caraïbes à l'abolir en 1886.
MEXIQUE et AMERIQUE CENTRALE : au Mexique, la musique aztèque a totalement disparu au contact des espagnols. C’est donc la musique espagnole qui a eu le plus d’influence sur la musique locale avec le Corrido (chanson narrative), le Jarabe et le Huapango. Les célèbres ensembles instrumentaux, nommés Mariachis, sont composés de différentes guitares et d’un violon. Jusqu’au XIXe siècle, la musique européenne est essentiellement religieuse. Le Mexique, comme l’isthme américain, ne font pas commerce d’esclaves africains, préférant l’esclavage des indigènes. Leur musique reste encore actuellement essentiellement latine.
L'abolition de l'esclavage a lieu en 1824 dans plusieurs pays d'Amérique centrale et au Mexique en 1829.
BRESIL : outre les Jésuites qui apportent le chant grégorien dès le XVIe siècle, les Portugais apportent la musique baroque et diverses musiques populaires lusitaniennes. La musique amérindienne (les peuples tupi-guarani ayant périclité très rapidement à cause des maladies "importées"), a très peu d'influence sur la musique brésilienne au contraire de la musique portugaises et des rythmes africains originaires de l'Angola, du Mozambique, du Congo, du Nigeria, du Ghana, et du Bénin (noms actuels). Dès la fin du XVIIIe siècle, la musique commence à se métisser et donne naissance au Modinha et au sensuel Lundu.
L'abolition de l'esclavage n'a lieu qu'en 1888.
HAWAÏ : La musique d’Hawaï a été influencée très tardivement par les musiques européennes. Ça n’est qu’au XIXe siècle que le peuple d'Hawaï commença à commercer avec les américains (blancs) lorsque la population indigène périclita. Mexicains, Portugais, Philippins, Portoricains, Samoans vont dès lors investir les îles. En 1879, des immigrants portugais apportèrent avec eux un instrument à cordes, le cavaquinho qui se transforma en ukulélé devenant l’instrument typique d’Hawaï.
Pas d'esclavage observé dans l'île.
MUSIQUE AFRICAINE EN AMERIQUE Dès 1619, les premiers africains foulent le sol américain, débarqués d'un navire hollandais, pour travailler dans les plantations de Virginie. Dès 1640, dans les constitutions du Maryland et de la Caroline, l'esclavage est attesté. Le commerce triangulaire prend son essor à partir de 1674, l'année où les Français et les Anglais se lancent en même temps sur le marché et disputent aux Hollandais le monopole du transport des esclaves de la côte africaine vers les Amériques. La Jamaïque, Saint-Domingue, la Martinique, la Guadeloupe et la Barbade deviennent ainsi la principale zone mondiale d'importation des esclaves.
Pour ces îles, l’essentiel des esclaves provient des côtes occidentales africaines, du Sénégal à l’Angola, des côtes orientales, du Soudan au Mozambique. Le Brésil sera "alimenté" par des africains provenant plutôt du Nigeria, du Cameroun, du Gabon, du Ghana, du Congo, du Mozambique, de la Tanzanie, du Kenya, du Zimbabwe, du Bénin et de l’Angola.
La danse est d'abord interdite car jugée trop sexuelle, de même que les percussions qui pourraient véhiculer des messages. En effet, de nombreux africains communiquent de village en village par un code joué par des percussions. Surtout, elle serait signe de civilisation impliquant la reconnaissance d’une humanité à l’homme africain.
La musique des esclaves va évoluer à peu près de la même façon au sud comme au nord. La musique se développe dans une forme très simple que les colons pouvaient accepter, c'est-à-dire, sans instrument et permettant de rythmer le travail. Il s’agit des Works-songs. Le rythme est obtenu à l’aide d’un ou plusieurs outils cognés ; le chant est pratiqué en répond (un esclave lance une phrase que les autres reprennent en chœur, c'est le chant responsorial).
Ces Works-songs sont à l’origine du blues primitif. En journée, ils aident à supporter le travail ; à la veillée ils servent à raconter les malheurs, évoquer la tristesse mais aussi les espoirs.
En Amérique du Nord, les esclaves vivent chez leurs maîtres. Ils apprennent l’anglais et sont convertis à la religion du colon. Les africains rencontrent la musique européenne par les cantiques et les psaumes. Dès 1730, ces psaumes furent adaptés et devinrent des hymnes plus faciles à retenir. Un ouvrage fut publié « Hymns and Spirituals Songs ». Ces Spirituals se pratiquent a cappella et sont basés principalement sur les textes de l’Ancien Testament, les Africains comparant leur situation à celle du peuple cherchant à revenir en Terre Promise.
Après la guerre de sécession (1861-1865), les esclaves du nord sont libérés. Les Spirituals vont alors évoluer vers le Gospel, s’inspirant du Nouveau Testament, signe d’une « conversion » et d’une volonté à s’ancrer dans le quotidien de la vie américaine : « Jésus-Christ donne à celui qui croit en lui, le pouvoir de devenir enfant de Dieu » et donc d’être libéré de l’esclavage et du péché. Il n’est plus question de revenir sur la terre de leurs ancêtres.
Les premiers Gospel Hymn évolueront petit à petit avec l’apport du blues primitif puis du jazz pour devenir le Gospel Song dans les années 1930.
Le peuplement américain s’est fait à la fois par l’Alaska (migration des peuples de la Sibérie par les glaces arctiques) mais aussi par des migrations d’Africains, de Mélanésiens et de Polynésiens (arrivés par embarcations). Chacune de ces multiples cultures - venues s’amalgamer au fil des millénaires et des siècles - apporte sa musique. Bien entendu, ces cultures ne se répartissent pas de manière homogène sur le continent, et le métissage des musiques s’est donc fait de manière multiforme. Les instruments témoignent de cette diversité.
NORD-AMERINDIENS Il s’agit de peuples apparus dans l’actuel Canada et les Etats-Unis. Pour beaucoup, ils ont été décimés par les colons.
Les instruments Nord-Amérindiens sont essentiellement des percussions, quelques instruments à vent et peu d’instruments à cordes.
Les chants forment l’essentiel de la musique : chants religieux, chants communautaires, chants guerriers, chants de guérison, chants de deuil. On sait que les indiens chantaient à l’unisson et pouvaient chanter durant plusieurs jours d’affilé.
MESO-AMERINDIENS Il s'agit des peuples apparus dans une partie du Mexique et de la région de l'Amérique centrale.
Le «
Cantares Mexicanos » est un recueil de chants en nahuatl ; rare témoignage rendant compte de la musique précolombienne. Le reste des musiques précolombiennes se sont enrichies de musiques hispaniques donnant maintenant la tonalité des musiques folkloriques de cette région.
Les instruments Méso-Amérindiens sont essentiellement des percussions, quelques instruments à vent et peu d’instruments à cordes.
AMERINDIENS DES CARAÏBES Ces peuples ont été décimés par la colonisation hispanique. La musique précolombienne de cette région n’a pas laissé trace dans les musiques élaborées par les colons et les esclaves africains.
Quelques instruments nous sont parvenus dont très peu d’instruments à vents.
SUD-AMERINDIENS Les Amérindiens d’Amérique du Sud ont été moins décimés que ceux du Nord. Cependant, la musique précolombienne s’est métissée au contact des colons et des esclaves et a laissé place à une musique folklorique encore très vivante, notamment la musique andine (Andean Music).
De nombreux instruments témoignent de la richesse musicale précolombienne. Les instruments à vents sont prépondérants ; les percussions sont largement utilisées tandis qu’on trouve très peu d’instruments à cordes.
En Amazonie, quelques tribus conservent la tradition musicale : le
Ngre-re, chant à vocalises des indiens Kaiapo ; le
Tulé, musique rituelle des indiens Asurini, joué aux clarinettes ; le
Yaunkwa, des indiens Enauené-Naué, joué aux flutes et clarinettes.
La musique andine est devenue à la mode dans les années 1970 après avoir intégré des instruments modernes. La variété de leurs instruments à vent s’est propagée dans les grands courants de la musique populaire du XXe siècle.
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